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264               MEMOIRES DE PIERRE DE LESTOILE.
que les politiques qui estoient ici, desquels Paris estoit tout plain, et prioit le peuple d'y prendre garde, es­toient pires cent fois que le Bearnois, tout heretique qu'il estoit : car c'estoient de malheureux hipocrites damnés comme Judas; lesquels si on n'i obvioit de bonne heure, livreraient à la fin la ville et les bons catholiques qui estoient dedans à l'heretique, par leurs baisers et trahisons ordinaires. Il exhorta finablement le peuple et ses paroissiens de ne recevoir jamais avec eux ceux qui se voudroient reunir et reconcilier, aprés avoir quitté le parti de l'heretique : car quelque peni­tence qu'ils fissent, ils ne pouvoient ni ne devoient estre receus à l'eglise : qui est l'heresie des novatians.
CommoLet par dessus les autres, preschant à Saint-Berthelemi, se tempesta fort ce jour, jusques à crier en plaine chaire aux politiques contre trois qu'il advisa sortir de son sermon, disant qu'il ^'asseuroit qu'ils en estoient, et qu'on les regardast hardiment au nés. Mais un seul de tout le peuple ne bougea, ni ne s'en esmeust davantage; au contraire s'esboulTa à rire, comme s'il eust veu jouer quelque farce à un charlatan. Aussi fai-soit-il des mines assés plaisantes et des grimasses es-tranges.
Le curé de Saint-Jacques («) excommunia ce jour en son prosne tous ceux qui parloient de la paix, qui trouvoient bon le commerce (a> ( lequel M. du Maine toutefois avoit fait, et M. de Belin son gouverneur aprouvé); dit que tous les politiques desquels Paris estoit plain estoient damnés comme Judas; qu'il les excommunioit, avec tous ceux qui les soustenoient tant
(0 Le enri de Samt~Jacqnes .«Julien Le Pelletier. — » Qui trouvoient ■fon h commerce : le traité pour le commerce de Paris.
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